Démarche artistique ?

J’aime la peinture pour son silence, le temps calme et long de la réalisation. Au cours d’une exposition, à une époque où le niveau sonore est permanent et intense, le fait d’entrer en communication silencieuse dans un espace public et fréquenté me plaît. Le spectateur flâne, les peintres ont suspendu leurs images, davantage de mots perturberaient les déambulations rêveuses. On peut même s’absenter.
Une toile n’est pas un livre, la peinture n’est pas l’écriture. Lorsque je choisis de peindre, c’est en partie pour ne pas avoir à discourir autrement, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. À mon goût, une peinture ne doit pas et ne peut pas contenir un propos complet et explicite. Ne pas disposer de toute l’intimité et de toutes les intentions d’une œuvre peut faire partie de la dimension ludique d’une image. Si on souhaite s’exprimer abondamment et bien se faire comprendre, l’écriture est mieux adaptée. On ne demande pas aux écrivains d’exprimer leurs «démarches artistiques» au travers d’un coloriage en préambule de leur texte, quoique, à la réflexion, c’est peut être ça, les illustrations en couverture…C’est l’effet que me fait la figure imposée de la «démarche artistique», systématiquement réclamée en présentation d’un peintre.